Père Pedro : « Merci Monaco ! »
Au cours de sa tournée annuelle, le « Prophète des bidonvilles » est venu en Principauté collecter des fonds pour ses 25 000 protégés de la décharge d’Andralatra, à Tananarive (Madagascar).
(Photo J.-M. F.)
Le Père Pedro Opeka à Monaco.
France ! Belgique ! Monaco ! Un périple de 5 000 km entrepris par le père Pedro Opeka qui a pris fin en Principauté afin de collecter des fonds pour nourrir 25 000 personnes, créer 3 000 emplois, éduquer et scolariser 17 300 enfants. Toute une communauté qui vit dans la décharge d’Andralatra, à Tananarive, dans l’État insulaire de Madagascar. Mais il faut sustenter, éduquer, instruire, couver… ce petit monde. Alors, le prêtre de Saint-Vincent de Paul, depuis cinquante ans, s’est engagé dans un mode d’être particulier avec autrui.
« Je ne suis pas venu tendre la sébile »
« J’ai rencontré quelque trois mille personnes afin de faire passer le message de nos frères de l’hémisphère Sud. Car ils n’ont aucun pouvoir d’achat. Je ne suis pas venu tendre la sébile. Juste convier au partage afin de subvenir financièrement aux besoins de mes ouailles. Chez nous, on trouve tout pour vivre et développer l’économie locale. Mais comment faire sans argent ? C’est l’unique moyen d’aider les pauvres, de faire vivre des milliers de familles qui adhèrent à notre association Akamasoa, les bons amis en malgache. »
La constance d’un tel caractère l’a conduit à jouer de générosité afin de la convertir en facteur pacifiant des relations interindividuelles. La méthode fait florès en Principauté depuis plus de vingtcinq ans. Surtout avec « le prince Albert II, un de mes plus fidèles donateurs », et l’association « Aide au Père Pedro Opeka », créée par Nadia Jahlan, qui organise annuellement un événement caritatif. Le « Prophète des bidonvilles » demeure toutefois discret sur les sommes recueillies. Tout comme la présidente de l’APPO. Car Monaco est défini comme une terre profondément catholique, fidèle aux lois de la générosité et de l’abnégation, touchée en son coeur à la moindre nécessité ou catastrophe. Pour autant, on n’aime pas faire connaître avec ostentation toute oeuvre de bienfaisance. Peutêtre par bienveillance… Un sentiment d’ailleurs cher au père Pedro. « Partager ? On peut toujours davantage. Cependant, il faut rassurer les donateurs que leurs aides vont aux plus démunis. Tous les ans, un rapport est publié sur notre site internet perepedro-akamasoa.net. Sinon, je prêche l’amour, la fraternité, la justice, la répartition pour ces enfants mis au monde, les plus pauvres de notre Terre. C’est un patrimoine humain dont nous sommes responsables afin de leur offrir un avenir meilleur. Certes, pour gérer cette communauté, je suis entouré de six cents Malagasys volontaires. Nous avons réussi à bâtir une véritable ville pour ces miséreux. Profitons de notre passage sur cette Terre pour faire le bien. Rendre heureux ce qui nous entoure. »
« La valeur d’homme tient dans sa capacité à donner et non dans sa capacité à recevoir », disait Einstein. Mais il y a une exception : le père Pedro, dont la valeur tient autant de percevoir que de prodiguer.
Le père Pedro quittera la Principauté ce lundi pour retrouver ses protégés malgaches avec suffisamment de fonds pour leur assurer le gîte et le couvert pendant plusieurs mois.
ARTICLE issu de Monaco-Matin / le 2 Jul 2022 par JEAN-MARIE FIORUCCI